LES ANNEES PERDUES Ce n’est pas comme un sac
LES ANNEES PERDUES
Ce n’est pas comme un sac Perdu puis repris dans un bureau d’objets trouvés Les années perdues Sont bien perdues, on ne sait même pas ou : Les unes s’en sont allées petit à petit Les autres ont sombré dans l’oubli depuis dix ou vingt ans D’autres encore ont disparus dans les villes bruyantes Dans les déserts lointains et désolés Dans les gares grouillantes Ou sous la froide lueur d’une lampe à huile Elles ne sont pas comme une feuille de papier Tombée à terre, et qu’on peut ramasser Elles ressemblent plutôt à une eau renversée Sur le sol et séchée, ne laissant aucune ombre. Le temps est un liquide flottant Qu’on ne peut repêcher avec tamis ou filet Le temps ne peut être transformé en solide Ni en fossile-ce serait bien si cela était possible Alors, on le retrouverait après dix mille ans dans un rocher! Le temps est semblable au gaz, A la fumée jaillie de la locomotive. Les années perdues sont ce vieil ami Coupé de vous, après tant d’épreuves : Un jour vous avez de ses nouvelles Mais il n’est plus de ce monde.